– Jack, faut qu’on y aille, faut pas qu’on s’arrête avant d’y être.- Où ça, mec ? – Je sais pas, mais faut qu’on y aille.
Jack Kerouac, « Sur la route »
Le plein air n’est pas mon milieu naturel mais ce défi à mes habitudes, cette urgence qui est de faire de la ville mon terrain de « je », me comble au point de faire désormais de mon carnet Moleskine le moteur de mes voyages.
Car dessiner sur le motif est une façon d’être au monde. S’installer doucement ; observer les gens l’air de rien ; être là sans y être. Le dessin fait venir le monde à moi, à défaut de m’y fondre.
L’autisme doit à maints égards être considéré comme une surcharge : trop d’attention, trop d’émotions, trop de sensations… dessinent les contours d’une différence de perception. Notre environnement se compose d’un Everest de détails revêtant à nos yeux autant d’importance les uns que les autres. Cette infinité de choses, petites par la taille, énormes par leur importance, finit par nous accabler, sous le poids d’un déferlement constant d’émotions. Le détachement semble être parfois la seule voie possible. La peinture est ma seconde voie, comme une tentative de maîtrise de mon environnement, comme une manière d’être face au monde urbain qui va plus vite que moi, toujours :
Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je suis.